Alcool, Sexe et Drogue en Casamance

28/06/2018 18:09

Alcool, sexe et drogue en Casamance

L’ouverture du Département de Sociologie à l’Université de Ziguinchor en 2008 a participé à ouvrir la discipline à son environnement en faisant en sorte qu’elle puisse participer à la compréhension des faits sociaux casamançais. C’est ainsi que des phénomènes sociaux naguère inconnus, cachés ou peu exploités sont désormais entrain d’être mis au devant de la scène et étudiés ;

Parmi ces phénomènes, figurent la tryptique alcool, sexe et drogue. L’alcool et la drogue ont pendant longtemps joué, dans nos sociétés, un rôle social. Dans les civilisations anciennes (grec, sumérienne, égyptienne…), la drogue remplissait une fonction culturelle et sociale. L’usage de ces substances ne constituait pas un mal. En effet, la drogue, était utilisée pour lutter contre la douleur ;  Hippocrate et Théophraste prescrivaient le pavot ;  Gallien utilisait l’opium pour réaliser une préparation célèbre : la thériaque ;   Marc Aurèle en consommait chaque jour dans une coupe de vin pour atténuer de violents maux de têtes. Il a été noté l’utilisation des herbes, des racines, d’écorce, des feuilles et des plantes pour soulager la douleur et lutter contre la maladie... Elle permettait aussi de prédire l’avenir et entrer en contact avec l’au-delà par l’extase. Enfin, elle a servi à purifier les vivants après les rites funéraires (FELICE P., Poissons sacrés, ivresses divines, Paris, Albin Michel, 1970).

Le XXème siècle voit la démocratisation et la banalisation de la drogue. Ce qui initialement servait pour son utilité est devenu progressivement un problème d’abus et de dépendance donc de santé publique. La Casamance n’échappe pas à ce qui est considéré comme le « fléau des temps modernes ». Elle est aujourd’hui un lieu de culture, de trafic et de consommation de la drogue. La culture du cannabis y occupe une bonne place. Elle est effectuée dans certaines localités enclavées (Iles Karones, Sindian…) qui subissent de plein fouet les effets des changements climatiques (avancée de la mer, salinisation qui rend les terres impropres à la culture…). C’est dans ce contexte qu’intervient la culture du cannabis qui constitue leur seul alternative pour ces populations.

Il s’agira dans cette étude en cours, de problématiser ce dilemme que vivent ces populations écarteler entre la question de la survie et de le caractère illicite et illégale du cannabis sans oublier les effets collatéraux induits (déviance, délinquance, prostitution, alcoolisme).